Phenix Conseiller LNT
Nombre de messages : 1205 Age : 34 Localisation : Bilgium Date d'inscription : 22/03/2008
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| Sujet: L'hôpital (Tome long) (Auteur:Phenix) Ven 09 Jan 2009, 8:34 pm | |
| Première partie Je venais d'arriver à devant l'hôpital... Ce bâtiment gris et froid se dressait devant moi fièrement, posant toute sa masse de manière victorieuse. Je levais les yeux, tentant d'apercevoir le dernier étage, mais un brouillard givrant masquait ma destination finale. Les gens passaient autour de moi sans faire attention, me bousculant parfois, ne s'excusant jamais...
"Inutile de s'énerver..." Pensais-je sur l'instant.
Je jetais à terre mon pétard consumé, l'écrasant de tout mon poids sous mon pied... Je passais toute ma rage sur lui... Il me serait impossible de le faire plus tard. Je rentra enfin dans le tourniquet vitré de l'hôpital, marchant lentement comme pour retarder mon entrée. Trop tard. J'étais à l'intérieur: Les odeurs d'éther, de mercurochrome et d'urine m'attaquèrent dans la première seconde... Je ressentis une forte envie de vomir, que je refoula jusqu'au fond de mes talons.
Les couleurs intérieures n'étaient pas plus gaies que celles de la façade: un mélange de blanc sale et gris clair partageaient la salle d'accueil entre murs et sol... Au milieu de la pièce, un bureau d'accueil ronds recevaient les arrivants pour les diriger dans les différents étages.
Inutile pour moi; je connaissais ma destination par coeur. Depuis près de deux ans, deux fois par moi, je me rendais au 9ème étage, couloir C, bureau 904, chez la doctoresse Madame Dresby.
Je me dirigeait vers l'ascenceur quand quelqun m'appela:
-"Monsieur S'il vous plaît!" -"Oui ?"
Ma voix m'étonna: une voix lourde, profonde... Depuis quand n'avais-je pas parler à quelqun ?
-"Suivez-moi monsieur." -"Pourquoi ?" -"Vous n'avez pas signer la décharge aujourd'hui." -"Juste. J'ai oublié, je vous suit."
L'homme m'entraîna dans un bureau sombre où je signa rapidement la fameuse décharge qui déresponsabilisait l'hôpital en cas d'accidents, d'effets ultérieurs des traitements, et même du coma ou de la mort... Deux ans que je signais cette décharge à la con pour mon traitement... L'hôpital n'avait accepté qu'à cette condition.
J'étais enfin dans l'ascenseur... Avec moi, une vieille et deux gosses. Le plus jeune des deux me défigurait avec curiosité... Je me sentis comme un animal au zoo que l'on observe en tentant de définir son sexe. La grand-mère rappela à l'ordre l'enfant qui se concentra alors sur les boutons des étages. De mon côté, je jeta un regard au miroir à ma droite... Un monstre. J'arrivais au neuvième étage... Mon étage. La voix dans l'ascenseur m'annonça l'étage de sa voix métallique:
-"Neuvième étage: Psychiatrie, traitement psychiatrique long et désintoxication."
Traitement psychiatrique long... L'asile quoi... Un étage réservé aux paranos, aux schyzos et autres fêlés... A peine sorti à l'ascenseur, c'était le retour en Enfer: Les cris de folies, les bruits sourds de têtes qui se cogne contre les murs capitonnés, l'odeur douceâtre de la morphine liquide, les infirmières blasées qui "courent" dans tous les sens... Rien ne m'as manqué.
Je pris le couloir C pour me rendre chez mon médecin bi-mensuel. Dans le couloir régnait un silence de cimetière. Je venais de rentrer dans la section des "grandes folies" comme l'appelait Madame Dresby... Elle m'avait dit un jour qu'une chambre m'était réservé si je n'étais pas sage...Je ne sait toujours pas aujourd'hui si je devais le prendre avec humour... ou pas... Depuis deux ans, je prenais ce couloir quatre fois par mois... et à chaque fois, mon regard se portait vers le petit carré vitré qui permettait de voir à l'intérieur des cellules... Ces gens étaient retenues comme des bêtes en cage... Comme des bêtes de foire...Quel spectacle pitoyable...
J'arrivais au bureau 904 et sonnait. Un petit bonhomme vert sur la porte me donna l'autorisation d'entrer. Je traversa l'antichambre en deux pas et ouvrit la seconde porte. A l'intérieur je vis mon médecin... Et six autres personnes assises à ma droite.
"Reste calme...Inutile de t'énerver..."
Je restais de marbre, mais le sang battait dans mes tempes.
-"Asseyez-vous Michel." me proposa mon médecin.
Impossible de bouger, mon rictus s'était figé dans une colère indéfinissable.
-"Qui sont-ils?" -"Des amis." -"Pas les miens... Je veux qu'ils s'en aillent."
J'étais catégorique... Elle expira et jeta un regard un peu au-dessus de mon épaule. Déjà deux mains puissantes m'attrapèrent et me poussèrent dans la chaise de traitement. L'homme attacha les lanières de cuirs à mes pieds et à mes poignets. Je ne tentais même pas de me débattre, connaissant mieux que personne ma faiblesse musculaire actuelle.
Je me retrouvais assis, attaché, face aux six personnes, moitié dans l'ombre dont je n'apercevais aucun visage.
Je baissais les yeux, désespéré... La séance d'aujourd'hui promettait d'être drôle...
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Phenix Conseiller LNT
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| Sujet: Re: L'hôpital (Tome long) (Auteur:Phenix) Ven 09 Jan 2009, 9:05 pm | |
| Deuxième partie -"Pourquoi êtes-vous ici ?" hurla l'homme au front gras.
Je criais, appelant à l'aide, me débattais... Ma tête avait été attaché au dossier de la chaise, m'empêchant de regarder ailleurs que face à moi. L'homme était énervé, serrant ses poings et les déserrant, ses veines coloraient son cou et son visage. Il me regardait dans les yeux, attendant que je réponde... Ne réagissant pas, il me cria dessus de plus belle, courut vers le bureau et revint une agrafeuse en main.
Je levais des yeux terrifiés vers l'homme, qui sembla content de cette réaction.
-"Je répète ma question: Pourquoi êtes-vous ici ?"
Je posa mon regard sur l'agrafeuse, puis dans un soupir je répondit:
-"Je n'en sais rien..." La fin de ma phrase mourut dans un cri de douleur lorsque l'agrafe transperça ma joue droite...
"Laisse-moi prendre le contrôle..." "Non!"
-"Je ne poserais ma question qu'une dernière fois..." commença l'homme. -" Inutile, vous pouvez directement m'agrafer l'autre côté de la gueule!" lui criais-je, le regardant droit dans les yeux avec indifférence.
... Aussitôt dit, aussitôt fait. L'homme, exaspéré, retourna s'asseoir parmi ses cinq compères.
Madame Dresby se leva à son tour. Elle vint près de moi, posa sa main sur ma joue ensanglantée pour enlever l'agrafe douloureuse qui soudait ma joue à ma pommette.
-"Michel...Réfléchis...Pourquoi es-tu là? Qu'est-ce qui te pousse chaque fois à venir ici." me dit-elle, les yeux dans les yeux. Sa voix était douce, presque sensuelle... Une voix douceâtre et désirable... " Michel... Tu ne voudrais quand même pas que je te montre le film..."
Je tentais de détourner la tête de ses fausses caresses. je bouillonnait mais ne répondit pas. Elle me jeta un dernier regard désespéré, puis se retourna: elle descendit l'écran blanc juste devant moi. Les six "de l'ombre" comme je les avais renommés déplacèrent leurs chaises quelques pas derrière moi pour mieux voir l'écran.
Le docteur Dresby s'arrêta juste avant d'appuyer sur le bouton de démarrage. Elle se retourna doucement vers moi, un air triste sur le visage.
-"Dernière chance Michel..."
Mon visage s'était figé... Je sentis mes yeux chauffés et un sourire carnassier se dessiner sur mes lèvres...
-"Allez vous faire foutre." | |
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